fil

je dessine le déjà éprouvé
je glane les fragments
interroge les motifs
ce qui m’intéresse > la transversalité
métaphores relatives
.
je propose un motif
je propose un signe
un groupe de signes
une phrase
le début
le milieu
d’une histoire
je propose des phrases qui font une histoire
la toute petite histoire de l’humanité
que nous sommes
qui nous traverse
qui nous attache/retient
qui nous relie/guide
qui agit, nous agit, agitons-nous!?
regardons
la rencontrer c’est se connaitre
reprendre les fragments
leur donner sens
être libre avec nos manques
.
l'atelier

Toujours difficile de discourir. Cela ne m’obsède pas, la problématique, le concept. Mais ils sont là, oui. Il y a un fil, depuis une bonne décennie. Je fouille. Je creuse. Dans la faille, le fragment, je collectionne mes trouvailles. La méthode, travail sériel. Répétition parfois jusqu’à épuisement. Ainsi je trouve, les formes mutent, répéter transforme.

Et puis, je suis un filtre. Les informations, les images, passent par moi. Je les accueille. Je les comprends. Prises dans ma mémoire. Je fragmente, je recolle. Processus des premiers Hommes. Extraire. Mettre à distance un détail qui devient le symbole d’un champ plus vaste. Car le détail permet d’avoir une vue générale. Nous l’investissons de cette mission. Codes, pictogramme, marques, signes. L’illusion de posséder (de comprendre) le monde grâce au fragment. Pour mieux le partager ? Pour mieux échanger. Tout comme nommer par le verbe, dessiner nous relie.

Je fragmente le corps. Le miens, le sien. J’en fais le tour, je le pénètre. En même temps que j’explore le réel ou qu’il m’effleure, je dessine, je peins, je filme, …

Le dessin est le langage premier. Je n’ai pas su m’en défaire. Il est simplement naturel de dire, raconter, poser mon regard ainsi.

Je me sens archaïque. C’est bien. Ça pose. Etre moderne, vivant, en mouvement, connecté, parce que je suis un être archaïque. Paradoxal ? Non. Enraciné.

Les fétiches, les rituels, les territoires et leurs limites sont en nous. Le corps est un territoire. Un fragment du monde, l’explorer n’est pas futile.

Les comportements amoureux, sociaux, politiques font le corps et sont empreints de mythes.

Matière et idée ne sont pas en conflit dans mon travail. Concept et Ornement vont ensemble : la pierre (le tombeau) et la cérémonie.

Le corps est un tesson. Il porte sa mémoire, son histoire singulière et aussi l’histoire collective.

Je suis ce corps.

A identifier. Une obsession collective, l’identité. Quel genre ?

Blessé. Les blessures ont fait les mythes.. Abandons. Trahisons. Exclusion ; La mort.

Je suis dans le mythe. Nous y avons tous un rôle. Je suis un fragment de la mythologie humaine. Un passeur. Rien ne m’oblige et pourtant je donne à voir, à regarder, à commenter. J’y consacre du temps, de l’énergie. Je transmets mes interrogations, mes conclusions. Je les sors de moi car ils ne m’appartiennent pas.  Peu importe le support, je raconte. Pour être connectée. Ici.

K Marco, Toulouse – 2009.